Développement militaire du cerf-volant  
     

Les Ministères de la Guerre des différentes nations européennes offrent des budgets considérables pour le développement des cerfs-volants.

En 1902, le capitaine Saconney obtient son Brevet Supérieur d’Aéronaute et devient spécialiste aérostier. A la demande du Ministre de la Marine, il est détaché à bord d'un torpilleur de l'escadre du Nord pour suivre des expériences de téléphotographies au large de Rochefort. (photo de gauche)

Il expérimente un système de cerfs-volants susceptibles d'emporter dans un premier temps un appareil photographique qui permet d'établir un relevé des côtes (photo de droite)

La photographie aérienne par cerf-volant n'est déjà plus un secret grâce aux travaux d'Arthur Batut et d'Emile Wenz mais Saconney va lui apporter toute sa rigueur scientifique. (à découvrir l'histoire de l'aérophotographie par cerf-volant sur le site de Wokipi)

Reste le problème de la suspension et du déclenchement de l'appareil photographique. En Russie, on a pris jusqu'à 4 clichés simultanés. Dès le mois de mai 1904, plusieurs navires sont dotés de séries de cerfs-volants destinés tant aux ascensions qu'aux expériences de télégraphie sans fil ou photographie.

En 1908, Saconney fait six mois d’expériences à bord de contre-torpilleurs. Il emploie et étudie des cerfs-volants de tous type. Il navigue en Méditerranée à bord du cuirassé d'escadre Saint Louis pour améliorer les réglages du cerf-volant et la technique photographique puis à bord du croiseur cuirassé Kléber.

   

1908, la France est en conflit avec le Maroc. Elle utilise les cerfs-volants du Capitaine Saconney pour élever des antennes radio permettant la transmission entre le Maroc et la Tour Eiffel.

Les premières expériences des cerfs-volants Saconney ont lieu au fort d'Alpreck près de Boulogne sur Mer, où Mme Saconney, le 25 décembre 1909, se voit offrir en guise de cadeau de Noël les joies de la première ascension humaine. (photo ci-contre)
Un journaliste, Jacques Altazin, reprend cet événement dans sa dépêche du 10 janvier : "…la pointe d'Alpreck, très élevée au-dessus de la mer, battue par la brise du large et par des vents ascendants de la falaise, est un poste d'essai présentant toutes les difficultés réunies par le fait de l'irrégularité et de l'inconstance des vents. Malgré ces difficultés, le capitaine Saconney a patiemment et savamment réglé ses appareils….
Le train n'est formé que de 5 cerfs-volants, le capitaine Saconney s'est élevé en compagnie de Mme Saconney avec la plus grande facilité, soit un poids élevé de 150 Kg. On voit quels services pourront rendre, en temps de guerre, comme vigie, ces appareils montés et nous souhaitons que leur emploi se généralise dans l'armée. "


Les meeting aériens

Durant toutes les années qui précédent la Grande Guerre, de grands meetings aériens s'organisent un peu partout dans le monde. Le 25 Juin 1903, la « British Royal Aeronautical Society » organise un meeting réunissant ballons et cerf-volant dans le Sussex. On y retrouve des cervolistes de renom, comme Samuel Cody, Charles Brodgen, Baden-Powel et Salmon. Parfois des civils s’inscrivent dans ces concours, dans l’espoir de voir leurs inventions retenues par l’armée.

Le capitaine Madiot commence ses expériences en 1907, au fort de Belleville, prés de Verdun. En 1908, il réussit à se faire soulever à quelques mètres du sol en étant assis sur une simple planchette comme celle d'une escarpolette. Par la suite, il utilise une nacelle cylindrique en grosse toile tendue sur armature. Le 17 octobre 1909, il parvient à monter à 100m de hauteur. Cet exploit fit grand bruit. Lors de la visite de la mission chinoise au camp de Chalons, il peut monter à 300 mètres de hauteur.

 
Concours Dolfus

En 1909, le commandant de l'armée territoriale Dolfus organise, sous le patronage de la Ligue Nationale Aérienne, un concours de cerfs-volants montés, avec un prix de 10 000Frs. Les conditions essentielles de ce concours consistent à présenter un matériel mobile et transportable, permettant d'élever un aéronaute jusqu'à une hauteur d'au moins 300m par vent minimum de 10m/s (limite de l'emploi du ballon captif). La durée du séjour de la nacelle dans l'air devait être d'au moins quinze minutes, non compris le temps de la montée et de la descente. Dans ce concours, le seul inventeur qui présenta un appareil satisfaisant à peu prés aux conditions imposées, fut le capitaine d'artillerie Madiot. Le cerf-volant Madiot est un modèle Hargrave à ailerons, construit pour manœuvrer par vent faible (6 à 11m/s). Ils sont enfilés " à la Russe ", c'est à dire traversés par le câble. (photo doite ci-dessous)
 
 
 
Concours à Reims

En 1910, à Reims lors de la semaine de l'aviation du 3 au 10 juillet, deux journées sont consacrées au concours de cerfs-volants, dont le premier prix est de 7000Frset le second de 3000Frs, il s'agit de francs Or de l'époque. Un article du journal "Aviator" mentionne " … ce fut avec une surprise profonde que l'on vit, vers trois heures de l'après-midi, le Capitaine Madiot, lancer dans l'azur son train de 8 cerfs-volants (photo gauche ci-dessus) …Il resta dans son observatoire, accroché aux nuages, pendant plus d'une heure… ".

Mais malheureusement, le capitaine Madiot se tue aux commandes d'un aéroplane militaire "Breguet", le 23 octobre 1910, à Brébières. Cette catastrophe, vint interrompre des succès qui donnaient tant d'espoir, mais qui assurent en tout cas au capitaine Madiot une des premières places parmi les précurseurs du vol en cerf-volant.
 
   
De son côté, le capitaine Dorand s'intéresse à la téléphotographie, il apporte des perfectionnements à la stabilité du cerf-volant d'observation. Il transmet un rapport au Ministère de la Guerre sur ses expériences. Le but de ses études est de se rendre compte des facilités de lancement des cerfs-volants porteurs, des conditions dans lesquelles ils peuvent élever une nacelle lestée du poids d'un homme.
Par la suite, il travaillera à l'évolution de l'aviation. En effet, en 1908, il fait voler un étrange aéroplane, dont la conception est très proche de celle de ses cerfs-volants. Ci-dessus à gauche, le lancement d'un train de cerfs-volants du Capitaine Dorant. A droite : son aéroplane militaire au camp de Satory (Versailles)