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Après notre découverte que les cerfs-volants Saconney servaient à l’ascension humaine (voir récit "équipe"), nous avons décidé de faire la même chose en fabriquant nos cerfs-volants et construisant le treuil.
 
Les Cerfs-volants Saconney
 
Nous avons commencé, en 1994, par faire un cerf-volant avec des cellules de 1.20m et de 25 Kg, très difficile à manipuler et assez ingérable. Nous avons donc décidé de revenir à des dimensions plus raisonnables.
     
J’ai récupéré un plan par l’intermédiaire de Jack qui donnait des cellules de 1m. Ce sont ceux qui étaient à bord de l’Edgar Quinet (photo de gauche)

Nous travaillons maintenant avec des cellules de 1 m, soit 5m d’envergure sur 3.80m de profondeur, une surface totale de 13m2.

On a cherché comment le faire à un prix raisonnable : les bambous je les ai trouvé en jardinerie. La toile, dans une solderie, un rouleau complet qui avait subi la fumée d’un incendie mais seules les deux premières couches étaient noircies.
Cette toile est un mélange coton / polyester mais ne se déformant pas dans la trame ni dans le biais, vraiment idéale pour réaliser ces cerfs-volants.
 
Nicole est la couturière experte Saconney: « J’ai maintenant une vieille machine Singer familiale de base, achetée d’occasion et installée sur une table d’atelier de professionnel, récupérée et adaptée au format de la machine. Au début je faisais les coutures avec du fil de polyester, car le coton se casse trop facilement et se dégrade. Maintenant j’ai un fil qui ne casse pas, et quand la couture est faite, ça ne bouge plus.
     
Le fil ne glisse pas, il n’y a pas de frottement. Je couds en « zigzag 3 points » uniquement par sécurité, car si le fil venait éventuellement à casser, la couture ne se défait pas, contrairement à un « zigzag » classique.

Au tout début j’avais une vieille machine à pédales qui ne faisait que du point droit, mais à partir du moment où on a commencé la construction de cerfs-volants plus élaborés, dont les Saconneys on a fait l'acquisition d'une machine électrique.

Au départ il y avait des patins en caoutchouc, comme on travaillait beaucoup le spi, c’est plus facile, ça entraîne mieux. Et finalement j’ai gardé ce système là pour les Saconney et ça fonctionne très bien. »
 
Pour la couture il faut compter 52 heures, plus une trentaine d’heures pour les bois d’armature et les haubans. Le montage et les réglages prennent une petite matinée.
En tout cela prend environ 85 heures par cerf-volant.


Sur chaque Saconney il y a un logo qui est l’une des figurations des Hommes-Oiseaux de L'Ile de Pâques.

Le rite magique de l'Homme-Oiseau s'est perpétué jusqu'en 1866 sur l'Ile de Pâques.

Ainsi on a commencé à faire le train d’ascension, d’abord un premier, puis un deuxième, un troisième et ainsi de suite.

Le train d’ascension (6 cerfs-volants) s’est constitué sur une dizaine d’années, et il y a encore deux cerfs-volants en fabrication.

Le premier cerf-volant, on l’a testé, bien sur, les suivants ne sont qu’une copie du premier et donc ne nécessite pas de réglages différents, il n’y a que des petits détails de réglages.


Les bambous

L’armature est faite de bambou de section de 25/30. Les bambous que nous achetons font 4.20m de long. Les Saconney repliés tiennent dans des poches de 3.80 x 0,20m.

 

Le treuil
 
J’avais fait un premier treuil, mais qui n’a rien à voir avec celui que j’utilise aujourd’hui, à partir d’un guindeau de bateau manuel (*) que j’avais acheté au magasin "les puces de mer" à La Rochelle. (photo du premier treuil ci-dessous)
(*) : Le guindeau est un treuil à axe horizontal utilisé sur les navires pour relever l'ancre. Il est également utilisé pour virer les aussières (gros cordage).
   
Par la suite, nous avons copié un modèle de treuil original qui avait été mis au point par Saconney. Mais nous n’en avons gardé qu’une moitié.

A l’époque ils avaient deux systèmes d’enroulage : un pour tenir le train principal et l’autre pour ramener la nacelle. Parfois en relâchant les cerfs-volants de traction pour la nacelle, ce n’était pas suffisant pour qu’elle redescende c’est pourquoi ils avaient un second câble qui était plus fin pour ramener la nacelle au sol. (photo ci-dessous au centre)

Notre treuil a été réalisé avec des matériaux de récupération, des pièces de motoculteur. Certaines pièces ont été faite en fonte.

Le moteur tourne deux fois moins vite en marche arrière, sans changer le régime moteur. Quand on embraye la corde se déroule pour faire monter le cerf-volant. En cas de problème moteur ou si la courroie casse, on peut ramener le cerf-volant grâce à une manivelle avec réducteur.
(photo du treuil actuellement utilisé, ci-dessous à droite et gauche)
     
 
Le câble
 
On a 300m de câble, entre la réserve qu’il y a entre le treuil, le plot d’amarrage et le premier cerf-volant, plus l’ascension, c’est le minimum que l’on pouvait avoir.
   
On a opté pour de la drisse pré-étirée en polyester de diamètre 8, de résistance 2 tonnes, c’est la corde d’ascension, celle qui est rouge et blanche, car on ne pouvait pas utiliser du câble acier sur les festivals. En plus la machinerie pour ramener un câble d’acier sur le treuil est différente de celle utilisé pour un câble polyester, qui peut être treuillé sur un winch ou sur un guindeau de bateau.

Le câble acier se déforme très rapidement et il faut pouvoir le stocker et surtout pas le vriller car il risque de se détériorer rapidement. Nous avons aussi une corde de diamètre 9 (bleu et blanc) tient la personne et vient du cerf-volant. La corde qui sert à maintenir le pied de la personne qui ascensionne a un diamètre de 14, comme celle qui sert à fixer les cerfs-volants sur la drisse principale (photo ci-contre)
 
La nacelle
On va concevoir un nouveau système de nacelle. J’ai fait les plans et les gabarits de découpe et d’assemblage. Par contre j’ai abandonné certaines choses, comme le système d’accrochage sur le câble principal, car trop complexe et avec un risque d’emmêlement. J’avais fait un essai mais c’était ingérable, car la poulie ne reste jamais sous le câble.
 
Quand on tire dessus il y a toujours un risque de vrillage et cela ne reste pas tout aligné. J’ai dessiné le système d’accrochage de la nacelle sur le câble principal (photo du plan ci-dessous) avec le système de freinage type Saconney et la nacelle démontable pour qu’elle puisse être transportée, en armature tubulaire avec un fond solide, un anneau de rigidité plus de la toile qui empêche quelqu’un de tomber en dehors de la nacelle.
     
En parallèle, nous avons aussi demandé un devis pour faire réaliser une nacelle en osier de 70cm au carré.

Les deux cerfs-volants en cours de fabrication par Nicole, devraient servir à monter la nouvelle nacelle.

Ils sont identiques en taille à ceux déjà construits. Il n’y a que la couleur qui change, ils seront verts sur les côtés au lieu de rouge. La couleur verte est juste une question de tissu disponible.

Par contre, la couleur rouge était un choix stratégique, pour qu’il soit visible vu de côté, parce que le blanc peut se perdre dans le ciel.
 
On avait acheté du tissu rouge en pensant que la couleur tiendrait dans le temps, mais en fin de compte la couleur n’a tenu qu’une dizaine d’années. Le sable, la pluie, le soleil, la lune… ont eu raison de la couleur. Au festival de Berck par exemple, ils restent montés 24/24 pendant 10 jours. Certains matins la toile est un peut détendue, alors on refait un réglage de tension. Avec 3 heures et demi de montage, et autant pour les démonter et les ranger, il ne serait pas envisageable de le faire tous les jours.
 
                 
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