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Au début du siècle dernier, la société Turchet commercialise des chevaux à roulettes ou à bascule, des petites voitures attelées, des jeux de quilles, et bien d’autres jouets. Dans son atelier près de Paris, elle fabrique de superbes voiliers ainsi qu’une gamme impressionnante de cerfs-volants de la marque Gomez.
A l’époque, les cerfs-volants ne sont pas des jouets bas de gamme. Au contraire, ils sont vendus à une clientèle aisée qui les destine parfois aux enfants, mais bien plus fréquemment à des activités sportives d’adultes, suscitées par la passion qui se dessine autour de l’aviation.
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A cette époque, de 1900 à 1910, à Paris, Charles Deffain était voyageur de commerce en jouets de bois et en cerfs-volants chez M. Georges Tranchant, situé à Montreuil sous Bois, en région parisienne.
Charles Deffain intègre la société Turchet en 1910 (Anthony). |
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Les modèles conçus chez Turchet croulent sous les récompenses :
Médaille d'or au concours Lépine 1909 pour l’Aiglopan -
Médaille vermeil au concours Lépine 1912 et 1er prix au concours de Moutiers pour l’Hirondette
Le dynamisme de la société Turchet est porté par Charles Deffain, qui s’est associé à son employeur avant de racheter la totalité de l’entreprise en 1921 |
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La maison Turchet-Defffain commercialise même un treuil conçu pour enrouler mille mètres de câble. Cet appareil était recommandé pour l’utilisation des plus grands modèles comme l’Aiglo-Photo.
Charles Deffain rachète aussi de nombreux brevets et crée alors sa propre entreprise, la marque "Jouets artistiques Eclecta " vient de voir le jour, avec un magasin à Paris et une usine à la Courneuve. Gagné par la passion des cerfs-volants, Deffain veille personnellement à l’élaboration de nouveaux modèles pour compléter sa gamme, maintenant commercialisés sous son nom. Le challenge consiste à développer l’entreprise tout en conservant son très haut niveau de qualité. |
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Désormais les adultes ne sont plus les principaux clients, mais les enfants en raffolent. L’atelier produit à tour de bras des modèles dont la conception remonte, pour certains, à près d’un demi siècle ! |
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En 1970, il crée les cerfs-volants publicitaires. A cette époque la production pouvait atteindre 12000 exemplaires par an. En 1976, le petit-fils de Charles Deffain, Claude, prend la direction de l’affaire et continue la fabrication de quelques modèles jusqu'en 1980.
Au catalogue, la gamme traditionnelle se limite, les dernières années, à cinq modèles dont le Roi des Airs vendu entre 100 F et 150 F selon sa taille. Plus populaire et moins cher, l’Américain vaut 18 F.
L’ère du cerf-volant de grande consommation est en marche. Simplifié à l’extrême, de forme plate, peu onéreux, facile à monter (parfois même jetable après quelques vols) il ne correspond guère à la tradition Deffain dont les critères de qualité ne lui permettent pas de lutter contre les productions plus sommaires ou d’affronter les producteurs étrangers qui n’hésitent pas à copier les créations. |
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Pour la qualité de construction, Deffain utilise différents matériaux et chacun de ces matériaux à une fonction particulière.
Pour l’armature:
* le bambou est utilisé pour les longerons et les vergues placées dans le sens de l’envergure (en largeur)
* le peuplier sert pour les croisillons raidisseurs placés à l’intérieur de la cellule centrale (dans le cas des cerfs-volants de type cubique).
A noter qu’on rencontre aussi des tiges métalliques qui permettraient de soutenir les parties de voilure arrondies. D’après Georges Deffain, les ateliers familiaux utilisaient des baleines de parapluie en acier. Danger : quand cet acier n’est pas inoxydable, il risque de laisser des tâches de rouille sur la voilure.
La voilure est en toile en coton.
Le câble était en chanvre tanné et le moulinet en bois. Les plus beaux modèles étaient équipés de deux poignées en bois tourné, placées sur l’axe. D’autres modèles plus élaborés possédaient deux poignées supplémentaires, placées à chaque extrémité du dévidoir, en quinconce afin de faciliter le remontage du câble. |
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Lorsque la fabrication cesse en 1980, les ateliers de Préfailles sont entièrement vidés. Seul subsiste le magasin familial, le Grand Bazar Parisien qui est encore dirigé par les hériters Deffain : Georges a pris la succession de Claude et c’est aujourd’hui Sophie, la fille de Georges qui va assurer la relève. L’histoire des cerfs-volants Deffain aurait pu en rester là …. La suite avec Georges et sa fille, toujours au Grand Bazar |
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Crédits photos : Patrick Mouchague - fonds Georges et Sophie Deffain - Le Grand Bazar |
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