Rappel du Sommaire du N° 14 (cliquez sur les liens pour accès direct à un article)

* Mesure de l'altitude des surcharges élevées par cerfs-volants - TH. SACONNEY
* Les cerfs-volants monocellulaires - J. LECORNU
* Les Cerfs-Volants remorqueursRoch DONZELLA
* Sur la difficulté d'utiliser le cerf-volant comme paragrêleFAIRWIND
* Indicateur d'angle - ALBERT BÉNÉZET
* Les Aéro-Clubs ScolairesHenri SCHALBURG (article incomplet)
* Les Concours de cerfs-volants La stabilité automatiqueJ. CLUSSE
* Pour se défendre contre la flotte aérienne
* LIGUE FRANCAISE DU CERF-VOLANT – Correspondance – un peu partout – Concours de photographies
 

2° ANNÉE
N°14
SEPTEMBRE 1910
LE CERF-VOLANT
Les Aéroplanes en Réduction
ET
La Photographie Aérienne
Rédacteur en chef : G. HOUARD Adresser toute la correspondance à M. l'Administrateur
du Cerf-Volant, 32, rue Madame, Paris.
 
Mesure de l'altitude des surcharges élevées par cerfs-volants
 

  L'altitude atteinte par une nacelle élevée au moyen des cerfs-volants peut se déterminer d'une manière rigoureuse, en effectuant aux extrémités d'une base de longueur connue deux visées sur la nacelle.
   Nous avons suivi ce procédé classique pour contrôler, au cours d'expériences faites à Bouillonnés pendant l'hiver 1909-1910, la hauteur de la nacelle lestée enlevée à bout de câble par un train de cerfs-volants.
   Lorsque nous avons voulu traduire graphi-       

-quement les résultats obtenus en tenant compte non seulement des tractions exercées par les cerfs-volants, mais également des effets du vent sur les câbles, nous avons été conduits à tracer l'arc de courbe décrit réellement dans l'espace par ceux-ci.
Nous avons été alors frappés de l'analogie de ces arcs avec des arcs de cercles. L'action du

 
vent venait détruire complètement la forme « chaînette » et arrondissait la courbe.
Ayant mesuré, au cours de ces expériences d'une part l'angle α fait par le câble avec l'horizon au départ du treuil et d'autre part l'angle A de la ligne treuil-nacelle avec l'horizon nous avons été surpris de voir avec quelle précision passent par la nacelle l'arc de cercle ayant même départ au treuil que le câble (c'est-à-dire même tangente α) même longueur que ledit câble et pour angle au centre l'angle A - α.
   Analytiquement le résultat se traduit par la formule :
     
formule facile à déduire de la figure ci-contre en exprimant :

1° Le rapport des angles aux arcs
2° La longueur de la corde A B en fonction du rayon et de l'angle au centre.
3°La hauteur en fonction de AB et de l'angle A

   Si nous appliquons ces résultats aux expériences de Boulogne nous obtenons ;

  Expérience du 31 Janvier 1910. - Par vent de 10 mètres:
Angle A = 3l° Angle α = 24°
Longueur de câble de nacelle déroulé 600 mètres.
En appliquant la formule on trouve H = 319 mètres.
Les visées effectuées aux extrémités de la base ont donné 320 mètres.
  Expérience du 2 Février 1910. - Par vent de 17 mètres :
Angle A = 41°

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LE CERF-VOLANT
     

Angle α = 30°
  Longueur de câble de nacelle déroulé 900 mètres.
  En appliquant la formule on trouve H = 582 mètres.
  Les visées effectuées aux extrémités de la base ont donné 580 mètres.
                                       J.TH. SACONNEY
                                     Capitaine du génie aérostier

  Les cerfs-volants monocellulaires

  Dans le dernier numéro du Cerf-Volant, M. Roch Donzella critique, avec une courtoisie dont je le remercie, l'opinion que j'avais émise «qu'un cerf-volant réduit à une seule cellule ne présente aucune stabilité longitudinale», et il aboutit à cette conclusion opposée «qu'un cerf-volant à une seule cellule possède par lui-même une stabilité suffisante et qu'il peut voler sans l'adjonction d'une queue».

   A l'appui de sa thèse, M. Roch Donzella cite deux passages de mon livre les Cerfs-Volants, où je décris : 1° un cerf-volant oriental dièdre ; 2° le cerf-volant Koppen.
Examinons donc ces deux appareils.
   Le cerf-volant oriental en question est ainsi construit :
« Un bambou AB (fig.1) formant épine dorsale,- porte deux vergues flexibles CD et EF,
     
fixées sur AB en leur milieu ; sur cette carcasse est tendue la voilure en papier gambie, mince et solide : les attaches sont formées d'une patte d'oie fixée en a et b, et d'une cordelette de retenue Bd.
  «Sous l'action du vent, les vergues s'infléchissent en arrière et la voilure se creuse ; le cerf-volant présente ainsi l'aspect d'un dièdre, mais dont les deux faces latérales, au lieu d'être planes, sont des surfaces gauches.

 
  « Ce cerf-volant n'a pas de queue et toute sa stabilité, qui est très grande, tient uniquement à la forme dièdre et au gauchissement des deux faces. »
  Toute cette description est extraite textuel-lement de mon livre (2e Edit. p. 105-106) et j'ai simplement souligné les passages sur lesquels j'attire plus spécialement l'attention de M. Roch Donzella. C'est qu'en effet, la stabilité de cet appareil tient, selon moi, non pas seulement à la forme dièdre, mais aussi à ce gauchissement des surfaces latérales, qui se creusent sous l'action du vent.
  La forme dièdre donne la stabilité latérale et le gauchissement la stabilité longitudinale. Il n'est donc pas juste d'assimiler un cerf-
     
-volant monocellulaire à deux cerfs-volants dièdres dont la concavité serait opposée, et conclure de la stabilité des cerfs-volants dièdres tels que celui que je viens de décrire, à la stabilité du monocellullaire. N'oublions pas, en effet, lorsqu'il est question d'un cerf-volant à cellules, qu il s'agit d'un appareil indéformable, conservant ses surfaces parfaitement planes et non d'un cerf-volant dans lequel, au contraire, on laisse l'étoffe lâche, de façon à lui permettre de prendre, sous l'action du vent, un certain creux, un certain gauchissement, qui lui donne des qualités de stabilité incontestables; nombre d'appareils sont dans ce cas, comme le cerf-volant Eddy et beaucoup d'autres cerfs--volants dièdres et même monoplans, qui volent parfaitement sans queue.
  Passons maintenant au cerf-volant Köppen. Cet appareil (fig.2) , dont M. J. Soulard de Didonne a décrit, sous le nom de Cyrnos n° 1 une intéressante variante (voir le Cerf-Volant n° 12, p. 171) est, dit M. Roch Donzella, un monocellullaire volant à plat au lieu de voler sur l'angle.
  I1 est bien évident que le cerf-volant Köppen est un monocellullaire, puisqu'il se compose de

 
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deux plans AB et CD, encadrés dans deux faces latérales ovales; mais il ne se réduit pas à cette simple cellule, car il comprend en outre un plan médian, sorte de gouvernail vertical (représenté ombré sur la figure) qui dépasse largement la cellule en arrière de celle-ci. Or cet organe n'est autre chose qu'une queue rigide fixée à l'appareil et l'exemple du cerf-volant Köppen vient donc à l'appui de ma thèse, qu'un cerf-volant monocellulaire n'a par lui-même aucune stabilité.
  Je tiens en effet à rappeler encore une fois que j'entends par cerf-volant monocellulaire un cerf-volant réduit à une seule cellule, sans aucun autre organe et absolument rigide et indéformable ; autrement dit, un monocellu- laire se compose uniquement de quatre plans deux à deux parallèles.
  Il suffit de se reporter au début de l'article qui a donné lieu à cette discussion (n°12, p.166) pour se convaincre que telle est bien la signification que je donne à la cellule.
  « La recherche de la stabilité et de l'indéformabilité d'un cerf-volant nous a conduit à l'adoption de la cellule élémentaire, c'est-à-dire réduite à un simple parallé- lépipède rectangulaire, ouvert à ses deux extrémités antérieure et postérieure ».
  Et c'est du monocellulaire ainsi défini que je concluais, dans le même article : « Un cerf¬volant réduit à une seule cellule ne présenterait aucune stabilité longitudinale »
  Mais j'entends parfaitement qu'en laissant la voilure se creuser ou se gauchir, qu'en adjoignant à la cellule une queue rigide, des ailes latérales plus ou moins flexibles, des plans stabilisateurs quelconques, etc., on peut obtenir des cerfs-volants stables, et ce serait tout à fait mal interpréter ma pensée que de m'attribuer l'opinion qu'un cerf-volant mixte, dans la composition duquel n'entrerait qu'une cellule, ne peut être stable.
  J'espère que cette explication convaincra M. Roch Donzella, qu'au fond nous sommes du même avis, et que notre désaccord apparent provenait tout simplement de ce que nous n'interprétions pas de la même façon l'expression « Cerf-volant monocellulaire » .
                                            J. LECORNU,
                                            Ingénieur E.0 P
.


  ********************************
        LES CERFS-VOLANTS
           REMORQUEURS

                   O O O

  Dans un récent article paru dans cette revue, M. P. Poirier parlait du remorquage des bicy-
 
clettes à l'aide de cerfs-volants. Ayant fait nous-même quelques expériences à ce sujet, nous croyons utile d'en faire connaître les résultats à nos lecteurs.
  L'idée d'utiliser les cerfs-volants à la traction de véhicules quelconques n'est pas nouvelle, et il suffit de se reporter au livre de M. Lecornu pour y trouver le récit, suffisamment documenté, des premières expé- riences de ce genre qui eurent lieu d'abord en Angleterre (Voiture de Pocock en 1828), puis pour la traversée du Pas-de-Calais, que le colonel Cody, alors capitaine, effectua en 1903, dans un canot traîné par un cellulaire.
  Actuellement encore, le cerf-volant pourrait être utilisé pour remorquer des voilures et des canots; mais le véhicule le plus répandu étant la bicyclette, il est tout naturel qu'on songe à se servir de la force du vent pour faire du tourisme sans se fatiguer : la bicyclette remorquée par des cerfs-volants, c'est la motocyclette mise à la portée de toutes les bourses.
  Les cerfs-volants qui réunissent le plus de qualités pour servir de remorqueurs sont, sans contredit, les cellulaires, d'abord parce qu'ils donnent plus de traction que les monoplans et sont plus stables que les mixtes, ensuite parce qu'ils possèdent des plans directeurs rigides, nécessaires pour obtenir, à l'aide d'un système quelconque de brides, la déviation de l'appareil de côté et d'autre du lit du vent.
  Dans nos premiers essais, faits avec différents types d'appareils, nous nous bornions à attacher au tube de direction de la bicyclette, à l'aide d'une estrope et d'un cabillot, la ligne du cerf-volant. Cette installation était suffisante par vent faible, la traction du cerf-volant n'étant pas assez forte pour déséquilibrer la bicyclette à chaque mouvement du guidon, mais elle ne permettait pas de dévier de plus de 30 à 40° de la direction du vent. De plus, par vent fort, de 12 à 15 mètres à la seconde, dès que la vitesse de la bicyclette atteignait 25 ou 31 kilomètres à l'heure, la déviation n'était plus possible, et même, lorsqu'il nous arrivait de tourner le guidon à droite ou à gauche d'une façon un peu brusque, la traction faisait incliner la bicyclette vers l'extérieur du virage. C'est ainsi que nous prîmes plusieurs fois la fâcheuse « pelle » !...
  Nous songeâmes alors à installer sur notre guidon une barre de direction qui; par l'inter- médiaire de ficelles aboutissant aux extrémi-tés latérales du cerf-volant, commanderaient l'inclinaison de celui-ci à droite ou à gauche, à la façon d'un gouvernail, et le forcerait à dévier du lit du vent. L'expérience nous donna toute satisfaction : le cerf-volant suivait

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LE CERF-VOLANT
     
à tout instant les oscillations du guidon, permettant ainsi une déviation d'environ 70° de chaque côté de la direction du vent. Le champ d'avancée de la bicyclette est donc de 140°, ce qui est largement suffisant dans la pratique. Nous avons enfin ajouté à ce système un perfectionnement qui permet de faire varier à volonté la longueur du brin inférieur de la bride et, par conséquent, d'obtenir plus ou moins de traction.
  Voici, d'ailleurs, la description technique de l'installation : Le cerf-volant est un planeur étagère à trois plans montés dans un cadre en pointe (fig. 1).


    


La charpente est exactement celle d'un multi- cellulaire droit de Lecornu. La hauteur des croisillons est de 1m60. La longueur d'un côté est 1m20 et la profondeur de tous les plans est 0m40. Les trois plans horizontaux qui forment l'étagère sont séparés chacun par un intervalle de 0m40 La surface portante est ainsi de 2m256. La bride, à 3 brins, part des points A, B et C.
 
Cette bride se continue d'ailleurs sur toute la longueur de la ligne de retenue, en d'autres termes, il n'existe pas de bride proprement dite, et le cerf-volant est rattaché à la bicy- clette par trois cordes indépendantes l'une de l'autre. Celles qui partent de A et de B servent de brins supérieurs de la bride, en même temps qu'elles jouent le rôle de ficelles de direction. Elles sont fixées à chaque extrémité de la barre de direction et leur longueur est invariable. Au contraire, la corde qui part du point C, servant de brin inférieur de la bride, peut se raccourcir et s'allonger à volonté, de la bicyclette même, et par conséquent fait varier l'angle d'attaque du cerf-volant.
   
La barre de direction (fig.2), en frêne rond, de 0m015 de diamètre et de 0m80 de longueur, se fixe au guidon par deux colliers de serrage fermant avec un boulon. Elle porte à chaque extrémité une estrope dans laquelle vient s'en-gager le cabillot qui termine chaque ficelle de direction, et au milieu exactement une bobine verticale, tournant à frottement très dur, et sur laquelle est enroulé le brin inférieur de la bride. En tournant à la main cette bobine; on fait varier la longueur de la bride, et le
      
cerf-volant se couche plus ou moins sous le vent. Les ficelles de direction doivent être croisées, car l'inclinaison latérale doit être donnée aux plans directeurs et non pas aux plans sustentateurs. L'ensemble doit donc être assemblé comme le montre la figure n°3. Les ficelles que nous employons, de 50 mètres de longueur, sont formées de cinq tronçons de 10 mètres chacun, s'adaptant les uns aux autres à l'aide de cabillots et d'estropes. On peut donc à volonté utiliser le remorqueur avec 10, 20, 30, 40 ou 50 mètres de corde, ce qui permet
                 
d'éviter ou au contraire de rechercher les cou-rants existant au ras du sol.
Pour lancer seul le cerf-volant, on réunit dans la même main les trois cordes, auxquelles on a fait préalablement un point de repère

 
LE CERF-VOLANT
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coïncidant avec celui où se réuniraient les 3 brins d'une bride normale. Puis, dès que l'appareil est en l'air, car il part de la main, on lui donne de la corde, en tenant toujours les trois brins dans la même main, et en en lâchant chaque fois la même longueur.
  Le cerf-volant étant en l'air, on peut faire démarrer là bicyclette d'un coup de pédale, si le terrain est rugueux. Dans le cas contraire, on part seul, quoique lentement. La bicyclette, une fois en route, n'absorbe qu'une traction de 3 à 4 kilos pour une vitesse de 20 kilomètres à l'heure. La seule difficulté réside dans le fait de trouver de grands espaces libres où l'on puisse rouler, ou des routes sans arbres. Pourtant,tel qu'il est,le tourisme à bicyclette vaut grandement,par sa nouveauté et son originalité,la peine d'être pratiqué sérieuse-ment.
                                     ROCH DONZELLA





    Sur la difficulté d'utiliser
   le cerf-volant comme paragrêle


  Je viens de lire avec intérêt l'article de M. Pierre Poirier sur les cerfs-volants para-grêles, publié dans le no 13 du Cerf-Volant.
  Je ne crois pas qu'il soit possible pratique-ment d'envoyer un cerf-volant dans les nuages, au moment voulu, pour conjurer le fléau.
  J'habite toute l'année, sur les bords de la Gironde, au milieu d'un mien vignoble, consa-crant une partie de mes loisirs au cerf-volant et à la photographie aérienne. Je ne puis pas dire que j'ai eu à subir les ravages de la grêle, car ma région est rarement atteinte. Mais à quelques kilomètres, les récoltes sont régulièrement détruites en totalité ou en partie, tantôt sur un point, tantôt sur un autre. La question m'intéresse donc doublement, comme viticulteur et comme cerf-volantiste.
  Au moment où j'écris ces lignes, ce jourd'huy 8 août, 2 heures 30 après-midi, le ciel, assez limpide ce matin, est devenu laiteux ; du Sud-Ouest, monte lentement une masse sombre sur laquelle se détachent en lumière de petits nuages blanchâtres et floconneux. De sourds grondements s'entendent au loin, la chaleur est accablante, le calme presque absolu; à peine, dans mon jardin, quelques branches de rosiers pleureurs que j'aperçois de ma fenêtre, s'agi-tent-elles, mues par un souffle imperceptible. Le baromètre a baissé rapidement depuis hier, l'aiguille indique 760 Il est évident qu'un orage électrique accompagné de pluie ou de grêle est sur le point d'éclater…
 
  3 h. 30. - Je viens d'aider mes ouvriers à mettre en meulons une coupe de luzerne demi- sèche, car la pluie est imminente. L'orage approche; il tonne terriblement. En Médoc, sur l'autre rive de la Gironde, les vignerons bom-bardent le ciel furieusement; j'aperçois la petite lueur de la bombe qui explose trop bas en dessous des nuages et le petit flocon de fumée blanche emporté par le vent d'en haut; mais à terre, toujours calme plat. - Quelques secondes d'un silence tragique. - Soudain un vent violent souffle, courbant la tête des hauts peupliers et simultanément une pluie torrentielle s'abat... Grêle -t-il ? - Non. L'orage passera sans qu'il grêle, mais s'il devait grêler, ce serait en ce moment même. Et c'est depuis plusieurs minutes au moins, que le cerf-volant devrait être au sein du nuage néfaste; or, il y a plusieurs minutes, il ne ventait pas à terre et le lancement de l'appareil eût été bien difficile, impossible.
  A peu près tous les orages, bénins ou vio-lents, présentent identiquement la même suc-cession de phases : presque toujours, la pluie, la grêle et le vent apparaissent simultanément. Il peut y avoir quelques exceptions, mais je les crois rares. Le cerf-volant ne pourra donc s'élever qu'au moment où la grêle a commis d'irréparables dégâts ; il est trop tard !
  Ajoutez à cela la nécessité de retenir l'ap-pareil par un fil ou câble d'acier, qui toujours exposé à la pluie, s'oxydera fata--lement tôt ou tard malgré un graissage soigneux. Songez qu'un seul point de rouille enlève au fil une grande partie de sa résistance à la traction; qu'en ce point-là, le fil peut rompre sous l'effort d'une rafale (j'en ai fait malgré moi, il y a trois ans, la pénible expérience)- Alors, se présentent tous les dangers d'un fil d'acier quasi invisible, tendu en travers d'une route, causant la chute des chevaux, cyclistes et piétons. Heureux encore, si le fil ne vient pas se placer à cheval sur un de ces conducteurs électriques de force qui sillonnent déjà les campagnes, électrocutant sans pitié bêtes et gens qui viendraient à le frôler. Quelle terrible res-ponsabilité !
  Maints auteurs, M- Lecornu, dans son livre, Observer (1) dans le n°3 du Cerf-Volant, pour



(1) Observer écrit : Contre la grê1e, ce fléau toujours inattendu, nous voyons le cerf-volant remplacer... etc... » Où Observer l'a-t-il vu ? - Pourrait-il le dire aux lecteurs de ce journal ? - M. Pierre Poirier termine son article par ces, mots : « Il reste à souhaiter que, puisque ce procédé est consacré par l'expérience, etc... » Pourquoi M. Poirier ne donnerait-il pas avec de multiples détails qui seraient tout à fait à leur place dans ce recueil, le compte rendu de quelques-unes des expériences qui ont consacré le procédé ? Les nombreux articles de M. Poirier publiés par le Cerf-Volant sont frappés au coin de la logique et du bon sens. II est inadmissible que l'esprit scientifique de leur auteur puisse se complaire dans des choses vagues et imprécises.

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LE CERF-VOLANT
     
ne citer que ceux-là, ont décrit ce qu'il serait possible de faire, avec le cerf-volant, pour empêcher les nuages orageux de se résoudre en grêle; mais je n'en connais pas qui aient rendu compte d'expériences réellement exécu-tées. C'est que, sans doute, il n'y en a pas eu, pour la raison que je viens d'exposer.
  Concevoir une idée est très bien; l'exécuter pratiquement est encore mieux. Et c'est préci-sément dans l'exécution que se rencontre la difficulté.
                                      FAIRWIND


        Indicateur d'angle

  M'étant proposé de construire, parmi les accessoires du cerf-volantiste, l'indicateur d'angle dont le modèle a été donné dans le n° 10 du Cerf-Volant, par MM. A. et L. Ickx, et cherchant à simplifier la construction indiquée, je suis arrivé à obtenir un instrument tout à fait différent, donnant les mêmes indications. Il se compose d'un quart de cercle dont le centre est muni d'un fil à plomb indiquant sur le limbe gradué l'angle du
     
câble de retenue du cerf-volant avec l'horizon. Dans une feuille de zinc on découpe le quart de cercle évidé ayant la forme indiquée (fig.1.)
Dans le haut on pratique deux petites entailles qui divisent cette longueur en trois parties a. b. a.
  Les deux parties extrêmes, a et a, sont repliées suivant la ligne ponctuée, de façon à former un angle aigu. On obtient ainsi deux crochets servant à suspendre le quadrant sur le câble, avec un léger coincement de ce dernier, grâce à la forme angulaire donnée à ceux-ci.
  La partie centrale b; ne doit pas être repliée, elle sert à rendre fixe cet appareil lorsqu'il sera placé sur le câble. A cet effet, à l'aide d'une pince quelconque, à ressort ou à vis, -une pince à linge par exemple- on pincera
 
en même temps l'un contre l'autre le câble et la partie b ; l'instrument est ainsi maintenu fixement et ne peut glisser vers le sol.
  Le centre o du quart de cercle est percé d'un très petit trou dans lequel passe un fil terminé par une balle de plomb p ; ce fil est l'index de la graduation.
  Les dimensions indiquées (fig:1) se rap-portent à un quadrant dont 1 degré égale 2 mil-
      
limètres, pour rendre la graduation plus facile à exécuter et aussi la lecture moins fatigante. L'évidement central a pour but de rendre l'appareil plus léger, afin de fausser le moins possible les indications. La figure 2 représente l'appareil placé sur le câble.

                                        ALBERT BÉNÉZET




      Les Aéro-Clubs Scolaires


  Jamais aucune parole de blâme ou de dédain n'a été prononcée contre les Aéro-Clubs Sco-laires; on s'est simplement contenté, à leur origine, de n'en point tenir compte. Ils se sont formés sous la simple impulsion des jeunes gens; c'est dans ces conditions qu'ils ont prospéré. Avec l'aide bienveillante de quelques constructeurs et de la presse sportive ils viennent de faire éclater aux yeux de tous le tableau brillant de leur organisation et des résultats obtenus. Le résultat de cette révélation a été d'attacher définitivement aux scolaires aviateurs la sympathie des plus hautes personnalités aéronautiques. Il était nécessaire d'approuver ouvertement les jeunes gens d'au-

 
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LE CERF-VOLANT
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la longueur de corde étant de 300 mètres, et à déduire de l'angle obtenu la hauteur à laquelle se trouvait l'appareil.
  Les résultats techniques furent les suivants:
  1° M. Donzella : Monocellulaire à ailerons,
     surface 5 m2 44.
  2° M. Chardon : Mixte type Conyne, surface
     2 m2
  3°M.Faure: Mixte type Conyne. surface 4m280.
  4° M. Delecourt : Multicellulaire oblique ,
   
surface 2 m2 50.
  5° M. Bussy : Mixte à ailes superposées ,
    surface 2 m2.
  6° M. Derani : Planeur Hargrave à 3 cellules
    surface 3 m2 10.
  7° MM. Derani-Chardon : Planeur Hargrave à 3
    cellules, surface 3 m2 24.
  8° M. Marécaux : Cellulaire genre Potter à
    ailerons, surface 1 m2 50.

  La plus grande hauteur obtenue fut 271 m.89. Il est à remarquer que ce concours, qui en définitive se résolvait en un concours d'angle, a eu lieu avec une longueur de corde de 300 mètres, supérieure, par conséquent, à celle utilisée dans les précédents concours. C'est logique, car l'utilisation pratique des cerfs-volants, ne commence en général, qu'à une telle hauteur.
  Le concours devait durer trois jours, mais le vent ayant manqué presque totalement les deux jours suivants, les autres épreuves durent être annulées, et l'on procéda à une répartition proportionnelle des prix entre les concurrents.
  Il serait inutile de s'étendre sur les appareils du concours, la majorité étant bien connue de tous les cerfs-volantistes, ou leur description ayant déjà paru dans le Cerf Volant.
Il faut noter toutefois la belle tenue du Conyne de M. Chardon, et du Conyne de M. Faure, légèrement modifié par l'adjonction d'une deuxième vergue à la partie supérieure de la deuxième cellule, et la remarquable stabilité dont firent preuve les planeurs à trois cellules, dont M. Houard a récemment donné la description.
  En somme, belle manifestation cerf-volan-tiste. I1 faut simplement regretter que l'absence de vent n'ait pas permis de disputer les autres épreuves qui promettaient de donner lieu à des luttes intéressantes.
                                            R. D.


            DUNKERQUE
Un concours de cerfs-volants a eu lieu le dimanche 28 août dernier à Dunkerque, organisé par le Club aérostatique de Dunkerque. De nombreux engagements avaient été réunis et le meeting promettait d'être très intéressant, mais une

 
organisation un peu trop hâtive nuisit beaucoup au succès de l'épreuve.
Nous espérons que le très actif club dunker-quois reprendra bientôt l'idée d'un second con-cours de cerfs-volants, et nous serons heureux de mettre nos colonnes à sa disposition pour la publication des règlements de cette épreuve. Le concours du dimanche 28 août a donné les résultats suivants :
          I. - Prix du poids enlevé.
1. Le chevalier Clément Dydewald, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré : 4.117 grammes.
2. Docteur d'Halluin, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré :3.167 grammes
3. Al. Fichaux, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré : 3.117 grammes
4. M. Bataile, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré :4.627grammes.
5. Le chevalier Clément Dydewald, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré : 917 grammes.
Classé : M. Bilhouwez, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré: 417 grammes.

           II. - Prix d'altitude.
1. De chevalier Clément Dydewald, monoplan dièdre. Angle :34°. Hauteur : 175 mètres.
2. M. Albert Fichaux, monoplan dièdre. Angle :310. Hauteur : 165 mètres.
3. Le chevalier Clément Dydewald, monoplan dièdre. Angle : 31 degrés. Hauteur :160mètres.
4. Docteur d'Halluin, monoplan dièdre. Angle : 38o. Hauteur: 456 mètres.
(4 autres concurrents se sont classés, pilotant des monoplans dièdres).

           III. - Facilité de départ
1. M. Degraeve, monoplan dièdre.
1 Ex aequo. M. Clément Dydewlad, monoplan dièdre.
2. Albert Fichaux, monoplan dièdre.

  Tous les cerfs-volants vainqueurs étaient de fabrication étrangère; au début du concours, la corde de retenue d'un monocellulaire, piloté par M. R. Donzella, fut coupée par le câble d'un autre appareil, et le cerf-volant de notre collaborateur fit une chute de 100 mètres, allant s'abîmer en mer.
                                               G. H.
              ÉTAMPES
Le Sporting-Club d'Etampes organise un con-cours de cerfs-volants pour le 18 septembre. Une catégorie spéciale est réservée aux appareils du commerce.

            VINCENNES
  Le premier concours de cerfs-volants organisé par la Ligue Française du Cerf-Volant, a eu lieu le 11 à Vincennes et a obtenu un succès

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LE CERF-VOLANT
     
qui en fait présager beaucoup d'autres, pour la jeune, mais déjà puissante société de cerf- volantistes.
  A deux heures, nombre de concurrents et de spectateurs étaient déjà réunis sur le terrain du polygone, qui présentait bientôt une animation inaccoutumée. M. Maillot, membre du comité de direction de la L. F. C. V, était arrivé le premier, en jalonneur et avait signalé le lien du concours par un drapeau tricolore suspendu à un de ses appareils.
  Les commissaires sportifs établirent, à l'aide de fanions, une ligne perpendiculaire à la direction du vent, sur laquelle devaient se placer les concurrents, et une autre ligue parallèle à la première, à 300 mètres en avant, qui devait servir au mesurage des cordes.
  A deux heures 1/2 tous les concurrents étant présents (il y avait dix engagés, avec un nombre double d'appareils), on procéda au tirage au sort des numéros d'ordre pour le contrôle de l'épreuve. Puis l'on procéda au mesurage des cordes en les étendant sur le terrain. - Pendant ce temps, les commissaires établirent en arrière de la ligne des concurrents une ligne de piquets et de cordes pour contenir le public - curieux, et parfois gênant, - qu'on peut évaluer à trois mille personnes.
  Ces opérations préliminaires une fois ter-minées, les appareils prirent le départ à volonté, et bientôt le ciel se peupla d'une infinité d'oiseaux de toile, de toutes tailles et de toutes formes. Les énumérer ici serait trop long. Nous nous bornerons à dire que la majorité des appareils étaient du type Hargrave à deux ou trois cellules, avec ou sans ailerons. Il y avait plusieurs appareils genre Madiot, quelques mixtes et des monoplans dièdres, dont l'un, du à M. Detable, est d'une conception nouvelle très ingénieuse.
  Il survint, surtout vers la fin du concours, quelques emmêlages de ficelles qui vinrent handicaper certains concurrents, mais on n'eut à déplorer la perte d'aucun appareil.
  Les commissaires sportifs, M M. R. Lemaire et R. Donzella procédèrent à l'épreuve du poids enlevé, en mesurant à l'aide d'un dynamomètre, accroché à 30 mètres du treuil, sur la corde de retenue, l'effort vertical donné par chaque appareil.
  Il y eut deux observations de faites pour chaque cerf-volant, à quelques minutes d'in-tervalle, et le vent ne dépassant pas 4 mètres à la seconde, on n'eut à enregistrer aucun poids enlevé de beaucoup supérieur à 2 kilos par mètre carré.
  L'épreuve donna les résultats suivants :
  M. Carlier, monoplan dièdre, 2.253 gr. par mètre carré;
 
  M. Frachet, bi-cellulaire Hargrave, 2.220 gr. par mètre carré;
  M. G. Houard, monoplan dièdre, 2.230 gr. par mètre carré;
  M. Papillon, bi-cellulaire Hargrave, 2.080 gr. par mètre carré;
  M. Détable, monoplan Détable, 1.660 gr. par mètre carré;
  M. Gatineau, mixte Conyne, 1:560 gr. par mètre carré;
  Aucun attelage n'ayant été présenté, le prix de 50 francs - auquel vint s'ajouter le prix de 23 francs offert par M. Miarcet, vice-président de la Ligue, - fut donc attribué au cerf-volant unique de M. Carlier, auquel le Comité de la L.F.C.V. adresse toutes ses félicitations pour la remarquable tenue de son appareil.
  En résumé, ce concours a été superbement réussi, et comporte pour tout le monde des enseignements qui seront mis à profit dans les prochains, - et même très prochains, - concours qu'organisera la Ligue Française du Cerf-Volant.


            Trop tard !

  L'Aéro-club de Namur nous fait parvenir un règlement de son splendide concours de cerfs-volants. Hélas ! nous le recevons trop tard pour l'insérer, puisque ledit concours a lieu le 4 septembre et que notre revue ne parait que le 10 de chaque mois.
  Nous regrettons d'autant plus ce retard que ce concours était d'une importance relative-ment grande et doté de 2 235 francs de prix.
  Nous prions instamment les organisateurs de meetings de nous faire parvenir quelques se-maines avant les épreuves, les règlements et communiqués qu'ils désirent insérer dans le Cerf-Volant.
  Cette note s'adresse également à nos corres-pondants, qui souvent nous envoient des articles d'actualité alors que le numéro en cours est sous presse et qu'il nous est absolu-ment impossible de modifier notre mise en pages.
  La composition des articles est terminée entre le 26 et le 28 de chaque mois. Passé cette date, nous ne pouvons les insérer dans le numéro en préparation.
                                                        G.H.
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      La stabilité automatique

  Je lis dans le Cerf-Volant du mois de septembre 1910 un article, d'ailleurs fort intéressant de M. Lucien Ickx sur la stabilité automatique des aéroplanes.

 
LE CERF-VOLANT
29
     
Voici son principe : « Si une aile tend à s'élever plus que l'autre c'est qu'elle reçoit un vent supérieur.
  « J'installe sur mon appareil, ajoute-t-il, deux ailerons reliés de telle façon que l'un s'abaisse quand l'autre, monte. A pression égale sur les deux ailes, ces deux ailerons de surface égale prendront le même angle, l'appareil étant d'ailleurs parfaitement horizontal.
  « Mais qu'un coup de vent brusque vienne à frapper l'aile droite, l'aileron droit s'efface sans difficulté, diminuant la surface à droite, mais augmentant l'angle à gauche jusqu'à ce que les pressions s'équilibrent. »
  Il est certain, en effet, que dans ce cas le vent frappant l'aileron droit ne fera pas pour cela pencher l'appareil à gauche, mais il me semble que le vent ne se bornera pas à frapper l'aileron, et qu'il agira aussi sur l'aile qui étant fixe ne pourra que se soulever pendant que l'autre baissera.
  Pour que le système soit pratique il faudrait donc que les deux ailes fussent complètement mobiles et assujetties à former différentiel.
  Je me rendrai peut-être utile aux nombreux lecteurs du Cerf-Volant en disant qu'il y a un mois à peu près, j'ai moi-même essayé le système de Lucien Ickx, avec cette seule différence que mon appareil était un biplan.
  La figure montre comment, l'aile gauche recevant un coup de vent, les ailerons a' s'effaçaient, le bras de levier b' s'inclinait
     
en avant et tirant sur la corde c'-c augmentaient l'angle des ailerons a. J'ai omis de représenter le moteur et l'hélice qui n'auraient fait que rendre la figure moins claire.
  Cet appareil expérimenté un jour de vent relativement faible n'eut aucune stabilité. Les ailerons se gauchissaient parfaitement dès qu'un coup de vent arrivait, mais cela n'empêchait pas l'appareil de pencher. II est vrai que les ailerons n'avaient pas le quart de la surface totale, comme le voudrait M. Lucien Ickx.
  J'ai pu cependant remarquer que, naturelle-ment, l'appareil penchant à droite, tournait aussi à droite.
  J'y ai remédié en fixant sur les cordes c c' deux fils actionnant le gouvernail de direction. Mais la stabilité beaucoup augmentée
 
ne fut jamais suffisante pour qu'on puisse dans un grand appareil lui confier la vie d'un ou de plusieurs hommes.
  J'ai essayé un autre système qui, lui, m'a donné toute satisfaction.
  Il reposait pourtant sur le principe du pen-dule tant critiqué. La figure montre mieux que toute explication la manoeuvre qui est bien simple. L'appareil penche à droite, le pendule

         

a tire sur le fil gauche qui après avoir passé dans les poulies b c tire sur les plans verti-caux A A mobiles autour des charnières d d.
  Les plans verticaux reçoivent ainsi le vent produit par l'avancement de l'appareil sur la face tournée du côté de l'aile droite.
  Cette force appliquée à droite et en haut tend à faire pencher l'aéroplane à gauche. Il le relève donc jusqu'à ce qu'il soit horizontal car alors le pendule est sans action.
  Si un lecteur du Cerf-Volant désirait étudier cette question, je dois l'avertir que les char-nières doivent être excessivement libres sans quoi, il faudrait un pendule lourd ce qui empêcherait peut-être l'aéroplane de s'enlever. Je me ferais un plaisir de donner aux lecteurs désireux de faire l'essai tous les renseigne-ments possible.
                                          J.CLUSE

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   Ligue Française du Cerf-Volant


       Association pour l'encouragement
  aux études expérimentales des cerfs-volants


         SIÈGE SOCIAL : 32, rue Madame

            COMITÉ D'ORGANISATION

  Le Comité d'organisation s'est réuni le mardi 6 septembre à la salle du Tambour pour régler les détails de contrôle et de service du concours.
  Etaient présents MM. Marcet, Lemaire, Donzella, Frachet, Detable, Galtier, Houard.
  La séance, ouverte à 9 heures, s'est termi-née à 11 heures.
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LE CERF-VOLANT
     
              COMITÉ DE DIRECTION
  Le Comité de direction de la Ligue française du Cerf-Volant est ainsi composé :
        MM.le capitaine Madiot.
           Arthur Batut.
           Emile Wenz.
           Maillot.

            CONCOURS DE POIDS ENLEVÉ

  Le concours de poids enlevé, organisé par la Ligue, a eu lieu le dimanche 11 septembre, sur le polygone de Vincennes.
  Il a donné les résultats suivants:
1er M. Carlier, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré : 2.253 grammes;
2e M. A. Frachet, bicellulaire. Poids enlevé par mètre carré : 2.233 grammes;
3e M. G. Houard, monoplan dièdre. Poids enlevé par mètre carré: 2.230 grammes.
Le succès du concours, à la suite duquel la Ligue française du Cerf-Volant a recueilli de nombreuses adhésions, permet d'espérer l'or-ganisation prochaine d'un autre concours.
  La Ligue rappelle à ses sociétaires qu'une remise est à leur entière disposition pour y déposer leurs treuils et leurs cerfs-volants. Elle les prie seulement, étant donné la petitesse du hangar, de les remiser étant démontés.
  Sur la demande de quelques sociétaires, des demandes seront faites pour l'obtention d'un hangar plus vaste.

           EXPÉRIENCES SCIENTIFIQUES

  Le vice-président de la Société, M. Marcet, a procédé, dimanche 11 septembre, à d'intéres-santes expériences de mise au point d'un cerf-volant Cody, de grandes dimensions. Ces essais, qui ont été couronnés de succès, ont eu lieu au polygone de Vincennes. Cet appareil est destiné à un train qui sera terminé incessamment.
  M. G. Houard a, de son côté, l'intention de tenter quelques essais de porte-amarres des-tinés à établir une communication à 300 mètres de distance et à l'aide d'un système excessi-vement rustique. Tous les dimanches, les membres de la Ligue française du Cerf-Volant mettent au point leurs appareils à Vincennes.

               RÉUNION MENSUELLE

  La réunion mensuelle de la Ligue française du Cerf-Volant s'est tenue le mardi 14 septembre, salle du Tambour, 10, place de la Bastille.
  Le procès-verbal de la séance sera publié dans le prochain fascicule du Cerf-Volant
 
         Pour se défendre
     contre la flotte aérienne


      De notre correspondant particulier
                                         Londres, 11 septembre.

  Une foule considérable était massée aux abords de la haie de Whitsand, près de Ply-mouth. Là-bas, au large, six cerfs-volants d'assez forte dimension voguaient dans les airs; ils supportaient un dirigeable faisant fonction de cible et le maintenaient au-dessus d'un navire de guerre avançant à toute vapeur. Le public, dont la curiosité grandissait à chaque moment, fut vite renseigné sur le pourquoi de tous ces mouvements. I1 s'agissait de savoir jusqu'à quel point l'on pourrait compter sur l'artillerie navale pour lutter contre une flotte aérienne opérant, par exemple, à deux mille pieds d'altitude.
  Les expériences qui ont eu lieu ont donné déjà quelques résultats intéressants ; elles seront reprises incessamment. Les canonniers se montrent fort enthousiastes et déclarent que les obus peuvent aller frapper un dirigeable évoluant à de très grandes hauteurs.

          Correspondance

  A propos d'angle. - Dans l'avant-dernier numéro du Cerf-Volant, nous lisons un article de M. Armand Hebert, dans lequel son auteur réfute plusieurs passages des quelques lignes que nous avions insérées sur le cerf-volant Eddy.
  M. Hébert dit que «l'Eddy cintré vaut le dièdre pour un vent de 5 mètres maximum. L'Eddy cintré a un avantage, c'est d'être plus léger».
  Etant donné que l'Eddy est inutilisable pour les vents forts, la légèreté n'est pas à dédaigner. Nous croyons donc avoir raison en disant que l'Eddy cintré était préférable aux autres.
                        B. I. M. (Bias-Inger-Maubert.)

  Cerfs-volants « Antoinette » et « Blériot »
Dans la Correspondance du Cerf¬Volant n° 11 du mois de juin dernier, M. H. Bucquet nous parle de son planeur « Antoinette » . - Serait-il assez aimable de nous donner à tous, cerf-volantistes, une description bien détaillée de son appareil qui, certes, est très intéressant? Je désirerais construire un appareil semblable et je serais fort heureux de profiter de l'expérience que M. Bucquet a acquise dans la construction de tels cerfs-volants. Je voudrais bien avoir le plan exact de la carcasse d'un «Antoinette» de 4 mètres d'envergure. Y a-t-il des cerf-volantistes ayant déjà construit un cerf-volant planeur genre Blériot et se

 
LE CERF-VOLANT
31
     
se rapprochant autant que possible comme aspect des monoplans fameux?
                                    FRANCIS DEMBLON

             Montants extra-légers.
  Comme suite à la note insérée précédemment dans le Cerf-Volant, je prends pour les petits cerfs-volants des baguettes de vieux stores (1mm1/2 à 2 mm.). Je les groupe par 3, 7 ou 19 et je serre le tout entre deux spirales de papier collées en sens inverse. En coupant les baguettes de longueur différente, de façon à ce que les raccords ne se trouvent pas en face, j'obtiens des montants de longueur indéfinie.
                                             R. ARNAL.

                Un anémomètre.
  Avant de connaître l'anémomètre Daloz, j'en avais construit un semblable, basé absolument sur le même principe. Mais je n'étais pas sûr de mes calculs pour la graduation quand j'ai reçu le Cerf-Volant (n°8). J'ai été enchanté, persuadé que je n'aurais qu'à appliquer les formules, mais cela n'a pas été tout seul.
   N'y a-t-il pas une faute de composition

  Un auteur ne pourrait-il pas compléter cet article; en indiquant, par exemple, quels seraient les angles dans les cas de : poids de la sphère, 10 grammes; longueur du pendule, 10 centimètres; vent, 8 mètres et vent 45 mètres.
R. ARNAL.

          UN PEU PARTOUT

  Plusieurs jeunes gens se sont réunis à Vesoul et ont fondé une société qui porte le nom d'Aéro-Club-Vésulien. Les sociétaires ont déjà construit un planeur biplan de 7 mètres d'envergure et de 6 mètres de longueur!
  Cet appareil, tiré par quelques membres de l'Aéro-Club Vésulien, a de ses premiers essais, enlevé très facilement un sociétaire du poids de 55 kilos. Les distances parcourues varient de 400 à 200 mètres à des hauteurs de 20 mètres environ.
  L'Aéro-Club Vésulien vient d'abandonner l'étude des planeurs et des modèles réduits pour se consacrer aux cerfs-volants montés. Il organisera sous peu un concours de cerfs-volants. Toutes nos félicitations à l'active association.

  Leblanc écrit dans le Matin du 20 août :
« Ma première expérience d'aviation véritable remonte à plus de trente ans. Au rebours de la plupart de mes confrères qui commencent par être pilotes, puis se font constructeurs, je débutai par là. I1 est vrai que j'avais douze ans alors - j'en ai quarante aujourd'hui - et je construisais des cerfs-volants. J'avais la manie de les construire énormes. En bon gamin de Paris, suivant la tradition, je les essayais
 
aux Buttes-Chaumont. Hélas! déplorable construction, aucun de mes appareils ne marcha, sauf un, qui, un jour de tempête, faillit m'entraîner avec lui. Je n'oublierai jamais jamais la délicieuse sensation que j'éprouvai à me sentir bousculé, tiraillé par le vent. Le fil - c'était du fil de Bretagne, léger et résistant - me cuisait les poignets. Il finit par se rompre, et, à ma grande tristesse, mon cerf-volant s'envola.
«Ce fut ma première querelle avec le vent butor. J'ai pris ma revanche depuis et der-nièrement encore entre Charleville et Douai!»
  Un cerf-volant que nous avions lancé à la Celle-sur-Seine est allé atterrir, sa corde s'étant rompue, à 4 kil. 500 de cette commune.
  Un homme ivre le brisa et la foule présente se partagea les débris du cellulaire!
  Cet acte de vandalisme a eu pour théâtre une petite commune de Seine-et-Marne : Champagne-sur-Seine.


  L'Aéro-Club de France rappelle que les avia-teurs photographes comme les aéronautes, peu-vent prendre part au VIe concours de photogra-phie aéronautique, fondé par M. Jacques Balsan.
  La condition principale du règlement est que les épreuves représentent un travail photo-topographique pouvant être rapproché de la carte d'état-major.
  Le premier prix est de 1.000 francs (espèces), offert par M. Jacques Balsan; le deuxième prix, 250 francs (espèces), offert par M. Gustave Eiffel ; le troisième prix 400 francs (espèces), offert par le prince Roland Bonaparte ; plus de nombreuses médailles.

  La maison Gomès et Cie nous communique la liste des prix remportés par ses appareils dans de différents concours de cet été.
  Berck-Plage : Hors concours.
  Trouville : Série enfants :1er prix.
              Série adultes : Hors concours.
  Train de cerfs-volants : 1er prix. 2e prix, 3e prix.
  Elboeuf : Grand-prix de l'A, E. C
  Knocke-sur-Mer : 1er prix. - Médaille d'or.

  Il faut venir admirer à l'Aéronautique, 33, rue Madame, les magnifiques multicellulaires fabriqués par M. Lecornu, le distingué ingénieur bien connu de nos lecteurs.
  Les visiteurs pourront voir également le cerf-volant du capitaine Madiot, ainsi que de nombreux appareils de forme et de dimensions différentes.

  La grande quinzaine d'aviation de la baie de la Seine ayant instituée des prix pour cerfs-volants montés devant être courus au Havre, nous avions pensé à nous faire représenter par notre collaborateur M. Armand Hébert, qui avait bien voulu se charger de faire un compte rendu pour les lecteurs du Cerf-Volant.
  A cet effet, nous avions demandé une carte de

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LE CERF-VOLANT
     
presse au Comité du Havre, de façon à per-mettre à M. Hébert de circuler librement pour faciliter sa tâche de voir et près le montage et la manoeuvre. Or, le Comité n'a pas cru devoir nous accorder cette faveur, et nous en sommes d'autant plus surpris que le Cerf-Volant est le seul journal technique s'occupant de cette question. Notre représentant étant membre du Comité d'aviation, et membre du bureau de l'Aéro-Club Havrais, nous n'eussions jamais pensé que le Comité eût commis à notre égard une semblable injustice.

  Enfin !...
  Un intéressant journal sportif de Dunkerque, le Dunkerque-Sports, vient d'ouvrir dans ses colonnes une rubrique « le Cerf-Volant ». C'est notre collaborateur M. Donzella, qui a assumé la tâche de vulgariser ainsi, dans le nord de la France, notre sport, qui n'est, hélas! pas encore assez pratiqué.
  Nous adressons à notre confrère toutes nos félicitations pour son intéressante initiative, et nous espérons que son exemple sera suivi sous peu par nombre d'autres journaux.



     Concours de photographie

               RÈGLEMENT

  Article premier. - Il est institué un con-cours de photographie aérienne par cerfs-volants. Les appareils sustentateurs doivent tirer leur force ascensionnelle uniquement de l'action du vent sur des surfaces conve-nablement disposées. Le concours aura lieu à la plaine des manoeuvres, à Wilryck, et durera du 1er juin au 30 novembre 1910.
  Art. 2. - Le concours porte sur l'obtention de deux clichés. Le premier doit être pris vers le sol, l'axe focal étant rendu vertical ; le deuxième doit être pris obliquement vers une zone à indiquer au concurrent. L'attention de celui ci est donc tout spécialement attirée sur la stabilité du cerf-volant employé et sur l'altitude qu'il peut atteindre ; sur les modes de suspension de l'appareil photographique qui doit permettre à l'opérateur de photographier, à volonté, toute zone qui lui serait indiquée; enfin, sur le mode de commande du déclenchement de l'obturateur.
  Art. 3. - Les deux clichés doivent être pris à une altitude minimum de 100 mètres. Ils doi-vent, en outre, avoir des dimensions au moins égales à 0,06 m. X 0,08 m.
  Art. 4. - Classement et prix.
  a) Le classement des concurrents est fait par les soins de la Commission du cerf-volant de l'AÉRO-CLUB D'ANVERS
 
On cotera les épreuves de la façon suivante :
  Cliché à axe vertical: altitude atteinte. 20 pts valeur du cliché. 40 pts
  Cliché oblique : altitude atteinte 20 pts valeur du cliché. 60 pts
Le classement sera donc fait sur 140 points. Pour les estimations d'altitude, la cote 20 sera attribuée à l'appareil, ayant atteint l'altitude la plus élevée, et pour les autres appareils, les cotes seront proportionnelles aux altitudes atteintes.

  b) Deux prix sont attribués à ce concours. Le premier, de 60 francs en espèces, et d'une médaille d'argent de l'Aéro-Club.
Le second, de 25 francs en espèces, et d'une médaille de bronze de l'Aéro-Club.
  ART. 5. - Détails d'organisation. - Le concours est ouvert à tous. Les membres de l'AÉRO-CLUB D'ANVERS et de l'AUTOMOBILE-CLUB ANVERSOIS ne payent aucun droit d'inscription. Les autres concurrents doivent payer un droit non remboursable de DEUX francs.

  Les personnes désireuses de prendre part au concours doivent se faire inscrire par lettre recommandée adressée au secrétaire de la Commission, le Capitaine Lauwers, rue De Witte, 43, à Berchem. Les inscriptions sont reçues durant toute la durée du concours.
  Les essais officiels peuvent se faire tous les samedis après 14 heures et les dimanches avant 13 heures. Quand un concurrent désire faire un essai valable pour le concours, il est tenu d'en aviser le Secrétaire de la Commis-sion deux jours avant l'essai en question; il doit, en outre, confirmer cet avis par un deuxième avis, le jour même de l'essai, avant 8 heures. Pour chaque concurrent, le nombre d'essais officiels n'est pas limité.
  ART. 6. - Les concurrents doivent expédier au Secrétaire dans les 4 jours qui suivent l'essai fait, une épreuve de chaque cliché obtenu. Les épreuves non-primées resteront la propriété des concurrents.
  Toutefois, dans un but documentaire, les concurrents sont invités à faire don d'une épreuve de chaque cliché obtenu et non-primé à la Commission du cerf-volant de l'AÉRO-CLUB. Dans le même but, ils sont priés de joindre aux clichés une note donnant la description des appareils de suspension et de commande de l'obturateur de l'appareil photographique, ainsi que les poids et mesures des surfaces du cerf-volant; ils pourront, s'ils le préfèrent, déposer temporairement, chez le Secrétaire de la Commission, le cerf-volant et les appareils de suspension et de commande de l'obturateur.


                                     Le Gérant : DARMAN•

             Paris. - Imprimerie Levé, rue de Rennes, 71.

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