La Manche en solo : Manu Bertin a réussi son pari

Jeudi 9 septembre 2004
 
 
 

C'est à 13h, jeudi 9 septembre, que Manu Bertin s'est élancé du nord-est de l'île de Batz (devant Roscoff), pour tenter d'établir un temps de référence de traversée de la Manche en kitesurf, dans un vent un peu faible pour le départ (10-12 noeuds).

Il a quitté les côtes bretonnes accompagné d'un bateau d'escorte pour veiller à sa sécurité. Ce bateau, spécialement armé pour la navigation hauturière, a participé au Rubson Raid Turquoise en décembre dernier.

Outre Manu Bertin, le team Rubson se compose d'un pilote, d'un second et d'un photographe. Le bateau accueille également le matériel, soit trois planches et trois ailes pour toutes les conditions de vents

Manu Bertin a atteint la pointe sud-ouest de la Grande-Bretagne à 18h15, jeudi, après 5h15 de traversée à 20 noeuds de moyenne, établissant ainsi le premier temps de référence entre Roscoff et le Cap Lizard en kitesurf (100 milles - 180 Km). Un temps record qui sera probablement difficile à battre.

  
 
         
 


 

"C'était musclé et exaltant. J'étais à fond, je n'ai jamais ralenti, ni pour boire ou manger. Au début, on voit disparaître la côte, c'est une curieuse sensation. Puis vient le rail de Ouessant. Là, c'est chaud. Il y a des dizaines de bateaux qui montent et descendent. Un moment, j'ai hésité entre passer devant ou derrière un énorme porte-containers. Je suis passé derrière et il était suivi par un autre cargo, encore plus gros.

C'était comme un mur gigantesque en face de moi. On se sent tout petit dans ces moments-là. Au milieu de la Manche, le vent a commencé à forcir à 20-22 noeuds. J'avais pris ma plus grande aile (15 m2) : dans le petit temps, c'est idéal, mais avec de l'air, c'est très physique. J'ai eu un coup de mou : c'était limite intenable, il fallait négocier les bosses, ne pas enfourner ni s'envoler".

"Même si cinq heures, ça peut sembler court, j'étais vraiment heureux de commencer à apercevoir des oiseaux, des petits bateaux de pêche : bref, tout ce qui annonçait que la côte était proche.. Quand je suis arrivé près du cap Lizard, la lumière était irréelle. Les vents d'Est faisaient lever une houle qui se brisait sur les falaises, c'était magique. Evidemment, je n'ai pas résisté à l'envie d'aller flirter avec cette houle tout près de la falaise. J'ai la jambe gauche en feu, mais je suis un homme heureux".

  
         
 

Une très belle performance pour le rider qui espérait effectuer sa traversée entre 6 et 8 heures. Manu Bertin, 41 ans, réalise ainsi un réel défi physique. Rappelons que le kitesurfeur avait particulièrement travaillé ces derniers mois afin de muscler au maximum sa jambe arrière. En effet, la plus grande incertitude résidait dans le fait d'effectuer cette traversée sur un seul bord, donc en appui sur une même jambe (la gauche).
"Sans aucun repos ou changement de position, c'est une grande première. Physiquement, ça risque d'être très dur et ce genre de tentative ne peut s'effectuer qu'avec une bonne infrastructure de sécurité."


Cette préparation n'a rien laissé au hasard : préparation mentale et entraînements dans les grandes vagues d'hiver en mer d'Iroise, stage physique en montagne à Tignes cet été.

Prochain défi :

Manu Bertin a transformé son essai avec maestria. Pour autant, il ne compte pas s'arrêter là. "C'est une étape au cours de laquelle j'ai déjà appris pas mal de choses. Ensuite, j'aimerais tenter une traversée depuis le continent, vers la Corse."


  
 
         
 

 

Le Grand Projet :

Ce sera la consécration d'une carrière : Manu et son équipe veulent réaliser la première traversée de l'Atlantique nord en kitesurf - La TRANSKITE - de New York à la pointe de Bretagne, en se relayant à 4, assistés du trimaran géant à moteur d'Olivier de Kersauson. "Physiquement, même si c'est difficile, c'est gérable. L'essentiel réside dans le mental".

Pour ceux qui ne connaissent pas ce Français de 41 ans, sachez qu'il est un des premiers et véritable pionnier du kitesurf qui a depuis 10 ans, traversé le monde pour rider ses plus belles et grandes vagues.

Son amour de la nature l'a amené à réaliser de grandes premières mondiales en sillonnant les mers du Monde, d'Hawaii au Groenland, de Douarnenez aux îles du Cap Vert.

Il fut le premier kitesurfeur à rider Jaws (les vagues géantes d'Hawaii) en 1998. Il est aussi réalisateur du film Vague influence à Hawaii (7 prix internationaux), et auteur du livre ''De la mer jusqu'au ciel'' aux Éditions Arthaud

  
         
Source et autorisation : Sail Online (source Rivacom) - 10/09/2004 / Crédit photos Vincent Curutchet - Gédéon/DPPI