Une saga familiale : les cerfs-volants à travers la famille Deffain Le Grand Bazar, "musée" unique en France Home Wokipi-kite
     
 
Préfailles est une station balnéaire de Loire-Atlantique. En son centre, il y a la Grande rue commerçante. Le propriétaire du magasin à la devanture en bois vert, avec ses grandes verrières, nous attend. Nous allons rencontrer Georges Deffain, arrière-petit-fils de Charles Deffain, et qui exploite le « Grand bazar ». Aujourd’hui, Georges travaille avec sa fille Sophie qui a repris le flambeau familial.
 
Le « Grand bazar » construit en 1900 par les compagnons de France est à sa manière un monument d’architecture locale. C’est une "quincaillerie droguerie épicerie papeterie" avec ses rayons de produits alimentaires, ses jouets, cartes postales, faïences de Quimper et autres outils de bricolage…mais ce qui fait la richesse et la singularité de cette boutique : une collection de cerfs-volants du début du XXe siècle suspendue dans les airs, leur venant de leur aïeul, Charles Deffain

Georges nous reçoit très simplement, alors que nous sommes subjugués par sa fabuleuse collection. Il nous montre des affiches, des objets anciens, des plaques qui servaient de pochoir et nous raconte sa fabuleuse découverte : « En 1990, au moment des fêtes de Noël, j’ai voulu décorer mon magasin. Je suis monté au grenier et dans des malles poussiéreuses appartenant à mon grand-père, j’ai découvert 5 cerfs-volants. Je n’étais pas au bout de mes surprises… ».

Il en expose alors une dizaine à l'intérieur du Grand Bazar. Devant le succès de cette initiative, c’est aujourd’hui une soixantaine d’entre eux sont désormais exposés dans le magasin le Grand Bazar.

« Regardez le travail de ces anciens modèles. Ils étaient tous parés de toile de coton et tendus par des baguettes de bambou ou de peuplier. On utilisait des baleines métalliques de parapluie pour l’arrondi des ailes
   
des oiseaux. Le cordage était en chanvre tanné et les dessins réalisés au pochoir en zinc. Ces cerfs-volants étaient tous statiques et monofils. Rien à voir avec les produits actuels à double commande, faits avec de la fibre de verre, de carbone, toile de spi et autre ficelle en polyester, ces géants de nylon acrobatiques », commente Georges Deffain, intarrissable sur l’histoire de sa famille et de ses drôles d’oiseaux qui plafonnent sa boutique..
 
 
Le Volley-Ball, une fois dans les airs, on lançait la
balle dans le filet - 1925 - long : 1m
"L’Aéro-photo" de 1903, rapportait des images de tranchées durant la guerre 14-18. 2m35 d’envergure. 2m de long
     
Le Roi des Airs. Sur le modèle "Biarritz", l'appareil avait des cordages décorés et des ailes rouges. Il existait en 3 dimensions
Le point d'interrogation, en hommage à l'avion qui a relié Paris à New-York sans escale - septembre 1930
L'Antoinette, inspirée par l'avion du même nom. L'hélice (absente sur le modèle exposé) actionnait un dispositif imitant le bruit de l'avion
     
« Il a bien fallu que je m’y mette pour entreprendre leur restauration de manière tout à fait artisanale, avec les moyens du bord. Un comble quand même pour quelqu’un comme moi qui n’éprouvais pas au départ une attirance particulière pour le cerf-volant ! ».

Des documents, gravures et livres retrouvés aussi dans des vieux cartons lui ont permis de reconstituer leur passé : « C’est une chance car je n’ai à ce jour jamais rencontré un interlocuteur en mesure de me parler du cerf-volant. Je ne connais pas un seul musée dans l’hexagone qui dispose de pièces originales. Je me sens un peu isolé… ».

Cette superbe collection unique en France composée d'une centaine de pièces, toutes différentes et rares, attire les passionnés du monde entier. Et pour eux, Georges est toujours prêt à ouvrir ses archives.

« Je les autorise à prendre des mesures pour en faire des reproductions et les aide avec les plans que je possède », confie Georges Deffain.

Ces archives sont riches de multiples documents, catalogues et photos d’époque relatifs à Turchet-Deffain, mais aussi à Gomes, dont les produits étaient autrefois vendus dans le Grand Bazar de Préfailles.
     
Crédits photos : Patrick Mouchague - fonds Georges et Sophie Deffain -Le Grand Bazar